HENJONA
Nature et Rebuts
“Je marche jusqu’à ce que je découvre une déchetterie sauvage où se trouvent des morceaux de meubles, des œuvres d’art abandonnées, du bois de caisse… Parfois je plonge en apnée autour d’une île jusqu’à ce que j’y trouve des meubles, des morceaux de bateaux ou des planches jetées sous l’eau.
La mer et les forêts regorgent de ces endroits.
Je retourne au même endroit et je récupère les journaux gratuits qui gisent, recyclés avant même d’être lus. Des publicités kleenex, dont l’existence dure une fraction de seconde à l’échelle de celle des pierres et de la terre qu’ils souillent.
Je regarde la nature que ces objets ruinent par leur présence.
Je prends de la terre et des plantes (du sable si je suis sous l’eau), des cailloux, des os d’animaux, des plumes, des graines, des fleurs, de petits coquillages.
Je maroufle les journaux sur les planches trouvées ou lacère la planche si je n’ai pas trouvé de journaux. J’ai désormais un support sur lequel peindre.
Pour moi, le sable, les plantes, la terre… Sont les éléments du “Groupe Naturel” de ma récolte.
En utilisant la peinture comme liant, je les applique sur les planches et journaux, que je considère comme les éléments du “Groupe artificiel” de ma démarche.
Les récoltes des deux groupes se mêlent en une seule entité qui tente de réconcilier post-mortem la nature avec nos modes de vie qui la détruisent.
Ma démarche espère interroger la notion de vanité, flirter parfois avec la démarche du scientifique faisant un herbier, pour arriver à la nature morte, au sens propre du terme.”